Un laboratoire des premières fois

Les collections de la Société Française de Photographie, exposition présentée au musée départemental Arles antique, du 02 juillet au 23 septembre 2012, dans le cadre des Rencontres d'Arles.
Commissariat : Luce Lebart
Vues d'exposition et conception du Tumblr : Olivier Cablat
  • Fondée en 1854, reconnue d’utilité publique en 1892, la Société française de photographie (SFP) est la plus ancienne société de photographes encore active et l’une des plus importantes collections privées de photographies historiques en Europe. Rassemblant objets, images, ouvrages, périodiques et documents manuscrits, la collection, aujourd’hui classée monument historique, s’est constituée au gré des activités de ses membres : expérimentations techniques, théoriques ou visuelles. En effet, si les opérateurs brevetaient souvent leurs innovations, ils officialisaient plus régulièrement leurs découvertes par une présentation publique à la SFP suivie d’une publication dans son Bulletin et de dons d’épreuves ou d’objets.
C’est ainsi que la SFP conserve la première photolithographie d’Alphonse Poitevin, les expérimentations de photographies en couleur de Ducos du Hauron et ses recherches précoces sur les anaglyphes ou les premiers essais d’autochromes des frères Lumière.
Aux « premières fois » techniques (mis au point d’un procédé ou d’un appareil) s’ajoutent les « premières fois » d’usages (applications) parmi lesquelles figurent de nombreux essais de photographie instantanée, les premières images de la terre vue du ciel – la photographie aérostatique – de Paul Nadar ou encore les essais réussis de transmission d’images à distance par le bélinographe.
L’idée même de conserver pour le futur les innovations photographiques en tous genres est au coeur des missions de la SFP depuis son origine. Aussi, nombreuses sont aujourd’hui les pratiques et usages de l’image ayant découlées des multiples tâtonnements dont la collection conserve la mémoire et les hésitations. Mais les premières fois sont aussi parfois des échecs et plusieurs échantillons illisibles aujourd’hui n’ont pas résisté aux aléas du temps et de leur époque.
Au-delà de l’intérêt socio-historique de ces images, c’est aussi à une lecture esthétique de « l’expérimental photographique » que nous invitent aujourd’hui ces incunables de la photographie. Offertes sur toutes sortes de supports, manipulées et portant les traces de ces manipulations, annotées au recto comme au verso, reproduites sous plusieurs formes, ces images ont nourri et continuent de nourrir les imaginaires photographiques dont elles forment une précieuse archéologie.
Luce Lebart, commissaire d’exposition et directrice des collections de la SFP

    Fondée en 1854, reconnue d’utilité publique en 1892, la Société française de photographie (SFP) est la plus ancienne société de photographes encore active et l’une des plus importantes collections privées de photographies historiques en Europe. Rassemblant objets, images, ouvrages, périodiques et documents manuscrits, la collection, aujourd’hui classée monument historique, s’est constituée au gré des activités de ses membres : expérimentations techniques, théoriques ou visuelles. En effet, si les opérateurs brevetaient souvent leurs innovations, ils officialisaient plus régulièrement leurs découvertes par une présentation publique à la SFP suivie d’une publication dans son Bulletin et de dons d’épreuves ou d’objets.

    C’est ainsi que la SFP conserve la première photolithographie d’Alphonse Poitevin, les expérimentations de photographies en couleur de Ducos du Hauron et ses recherches précoces sur les anaglyphes ou les premiers essais d’autochromes des frères Lumière.

    Aux « premières fois » techniques (mis au point d’un procédé ou d’un appareil) s’ajoutent les « premières fois » d’usages (applications) parmi lesquelles figurent de nombreux essais de photographie instantanée, les premières images de la terre vue du ciel – la photographie aérostatique – de Paul Nadar ou encore les essais réussis de transmission d’images à distance par le bélinographe.

    L’idée même de conserver pour le futur les innovations photographiques en tous genres est au coeur des missions de la SFP depuis son origine. Aussi, nombreuses sont aujourd’hui les pratiques et usages de l’image ayant découlées des multiples tâtonnements dont la collection conserve la mémoire et les hésitations. Mais les premières fois sont aussi parfois des échecs et plusieurs échantillons illisibles aujourd’hui n’ont pas résisté aux aléas du temps et de leur époque.

    Au-delà de l’intérêt socio-historique de ces images, c’est aussi à une lecture esthétique de « l’expérimental photographique » que nous invitent aujourd’hui ces incunables de la photographie. Offertes sur toutes sortes de supports, manipulées et portant les traces de ces manipulations, annotées au recto comme au verso, reproduites sous plusieurs formes, ces images ont nourri et continuent de nourrir les imaginaires photographiques dont elles forment une précieuse archéologie.

    Luce Lebart, commissaire d’exposition et directrice des collections de la SFP

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    Depuis son origine, la SFP, comme de nombreuses académies scientifiques, accepte de recevoir de la part des photographes et inventeurs des plis cachetés dans le but de donner une date certaine aux innovations et découvertes qu’ils sont censés renfermer.

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    Emaux photographiques des membres du premier conseil d’administration de la SFP sous la présidence de Victor Regnault.

    «Chaque membre est admis à déposer dans les archives soit des épreuves de photographie, soit des plans ou des modèles d’appareils et ustensiles, soit des ouvrages imprimés ou manuscrits qu’il jugerait, à quelques titre que ce soit, propre à hâter les progrès de l’art et de la science photographique ou à en constater l’histoire». 

    Extrait des statuts fondateurs de la SFP (1854)

  • À travers commémorations, expositions et écrits, la Société française de photographie a contribué à la construction d’une invention française de la photographie. C’est en son sein qu’a été forgée l’idée – aujourd’hui contestée – que la première photographie au monde était une nature morte : La table servie de Niépce, dont l’original est manquant dans les collections. À côté des images et documents de Niépce et Daguerre, la SFP conserve le fonds de plus de 800 photographies d’Hippolyte Bayard, membre fondateur et Secrétaire général de l’association de 1866 à 1881.
De gauche à droite :


Nicéphore NIEPCE. La table servie. Légende au dos de l’image : “reproduction d’une photographie sur verre obtenue par Joseph Nicéphore Nièpce en 1822 (l’original disparu lors d’un incendie)”. Tirage argentique d’après une similigravure de Charles Petit, 1852
Joseph Nicéphore Nièpce, inventeur de la photographie. Exposé sommaire des motifs de lui élever une statue, Publication, 1878
Nicéphore NIEPCE. Le cardinal d’Amboise. Epreuve sur papier tirée par le graveur Lemaître à partir de la planche originale obtenue par Nicéphore Nièpce en 1826 d’après la gravure d’Isaac Briot.. Février 1827

    À travers commémorations, expositions et écrits, la Société française de photographie a contribué à la construction d’une invention française de la photographie. C’est en son sein qu’a été forgée l’idée – aujourd’hui contestée – que la première photographie au monde était une nature morte :La table servie de Niépce, dont l’original est manquant dans les collections. À côté des images et documents de Niépce et Daguerre, la SFP conserve le fonds de plus de 800 photographies d’Hippolyte Bayard, membre fondateur et Secrétaire général de l’association de 1866 à 1881.

    De gauche à droite :

    Nicéphore NIEPCE. La table servie. Légende au dos de l’image : “reproduction d’une photographie sur verre obtenue par Joseph Nicéphore Nièpce en 1822 (l’original disparu lors d’un incendie)”. Tirage argentique d’après une similigravure de Charles Petit, 1852

    Joseph Nicéphore Nièpce, inventeur de la photographie. Exposé sommaire des motifs de lui élever une statue, Publication, 1878

    Nicéphore NIEPCE. Le cardinal d’Amboise. Epreuve sur papier tirée par le graveur Lemaître à partir de la planche originale obtenue par Nicéphore Nièpce en 1826 d’après la gravure d’Isaac Briot.. Février 1827

  • L’atelier-laboratoire de Bayard. Agrandissement d’après un négatif papier.


    L’atelier-laboratoire de Bayard. Agrandissement d’après un négatif papier.

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    Hypolite Bayard, Autoportrait en noyé, positif direct sur papier, 1840.

    Déçu de n’avoir pas été mentionné par Arago lors de son discours officiel sur l’invention de la photographie par Daguerre en 1839, Bayard réalise ici ce qui est considérée comme la première mise en scène de l’histoire de la photo : il se représente en noyé. De plus c’est un autoportrait, un des premiers et qui plus est, un nu et un nu masculin.

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    Louis Jacques Mandé DAGUERRE. Intérieur d’un cabinet de curiosité. Daguerréotype. 1837. Inscription au verso : «  Epreuve ayant servi à constater la découverte du Daguerréotype offerte à Monsieur de Cailleux par son très dévoué serviteur Daguerre »

    Ce daguerréotype conservé à la SFP est le plus ancien connu de Daguerre. Encore visible dans les années vingt, il a subi les attaques du temps et celles de restaurations non réversibles dans la deuxième moitié du XXe siècle.

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    Voies de l’inaltérable

    C’est sous les auspices de la toute jeune Société française de photographie que se déroula, entre 1856 et 1867, l’un des premiers concours photographique.

    Doté par le duc de Luynes, ce concours promettait une récompense de 8000 francs au meilleur procédé de reproduction photomécanique et 2000 francs pour la stabilité des épreuves positives. La commission spécialement nommée pour l’examen des candidatures était exclusivement composée de membres de la SFP (photographes et savants). Les archives du concours et les épreuves envoyées par les participants sont conservées à la SFP.

    Le concours du Duc de Luynes couronne les résultats de Poitevin qui remporte les deux. Son procédé est préféré à celui de Charles Nègre car il a « complétement réalisé les conditions posées par Mr. Le Duc de Luynes » : «  La source commune et première, le germe unique de tous les procédés parmi lesquels nous avons désigné ceux qui ont paru dignes de récompenses, c’est à dire de tous les procédés au carbone, c’est incontestablement celui de Mr. Alphonse Poitevin, et par conséquent, le père de commun de tous ces inventeurs, c’est M. Poitevin ». Alphonse Davanne, Bulletin de la SFP, mai 1859.

  • Cyprien TESSIE du MOTAY & MARECHAL

Portrait de femme, Phototypie, 1866

Cette image a été présentée en séance de la Société française de photographie comme le rapporte Alphonse Davanne dans le Bulletin de la SFP de 1867 :

« MM. Tessié du Motay et Maréchal ont présenté sous le nom de phototypie des épreuves à l’encre grasse parmi lesquelles vous avez dû remarquer plusieurs portraits sans retouche d’un modelé remarquable ; sans donner exactement leur procédés, ces inventeurs ont laissé connaître que ces épreuves étaient obtenues au moyen d’un mélange de gélatine et de composés chromiques très riches en acide puis exposé sous une épreuve photographique (…). Ce procédé participe  à la fois de la typographie et de la lithographie, et il dérive directement des applications que M. Poitevin et M. Pretsch ont faites de la gélatine chromatée, c’est donc un nouveau et heureux développement des procédés de ces inventeurs ». 

L’année suivante, en 1867, Tessié du Motay et Maréchal présentent leur invention à l’Exposition Universelle. Le procédé sera immédiatement remarqué et utilisé par l’administration des forêt et Eugène de Gayffier, conservateur des forêts fera publier un Herbier forestier de la France. La phototype devient ensuite le procédé de prédilection pour l’impression en série d’atlas et de planches scientifiques

    Cyprien TESSIE du MOTAY & MARECHAL

    Portrait de femme, Phototypie, 1866

    Cette image a été présentée en séance de la Société française de photographie comme le rapporte Alphonse Davanne dans le Bulletin de la SFP de 1867 :

    « MM. Tessié du Motay et Maréchal ont présenté sous le nom de phototypie des épreuves à l’encre grasse parmi lesquelles vous avez dû remarquer plusieurs portraits sans retouche d’un modelé remarquable ; sans donner exactement leur procédés, ces inventeurs ont laissé connaître que ces épreuves étaient obtenues au moyen d’un mélange de gélatine et de composés chromiques très riches en acide puis exposé sous une épreuve photographique (…). Ce procédé participe  à la fois de la typographie et de la lithographie, et il dérive directement des applications que M. Poitevin et M. Pretsch ont faites de la gélatine chromatée, c’est donc un nouveau et heureux développement des procédés de ces inventeurs ».

    L’année suivante, en 1867, Tessié du Motay et Maréchal présentent leur invention à l’Exposition Universelle. Le procédé sera immédiatement remarqué et utilisé par l’administration des forêt et Eugène de Gayffier, conservateur des forêts fera publier un Herbier forestier de la France. La phototype devient ensuite le procédé de prédilection pour l’impression en série d’atlas et de planches scientifiques

  • Coups de foudre

    Coups de foudre

  • En 1855, Alphonse Davanne entreprend avec Aimé Girard des recherches sur le mode de formation et de constitution des épreuves photographiques en vue de déterminer les causes de leurs altérations et de proposer des solutions pour les revivifier. Leurs résultats, présentés au concours du Duc de Luynes,  sont publiés dans le Bulletin de la SFP en 1864

    En 1855, Alphonse Davanne entreprend avec Aimé Girard des recherches sur le mode de formation et de constitution des épreuves photographiques en vue de déterminer les causes de leurs altérations et de proposer des solutions pour les revivifier. Leurs résultats, présentésau concours du Duc de Luynes,  sont publiés dans le Bulletin de la SFP en 1864

  • Gaspard-Félix Tournachon dit Nadar prend un brevet de photographie à la lumière électrique le 4 février 1861.  Trois ans plus tôt, il avait présenté au journal « La presse scientifique » une planche de démonstration depuis conservée à la SFP : le photographe ébloui regarde l’objectif avec les yeux exorbités. C’est en 1861 que Nadar entreprend sa série « Paris souterrain à la lumière électrique » enregistrant  les égouts et les catacombes.

    Gaspard-Félix Tournachon dit Nadar prend un brevet de photographie à la lumière électrique le 4 février 1861.  Trois ans plus tôt, il avait présenté au journal « La presse scientifique » une planche de démonstration depuis conservée à la SFP : le photographe ébloui regarde l’objectif avec les yeux exorbités. C’est en 1861 que Nadar entreprend sa série « Paris souterrain à la lumière électrique » enregistrant  les égouts et les catacombes.

  • Divers autochromes de Frédéric Montpillard et Léon Gimpel réalisés entre 1907 et 1922 et représentant des filtres pour la photographie des couleurs et des micrographies de sujets variés : réseaux de la plaque autochrome,  champignon parasite sur l’aile d’une mouche,  cellules nerveuses, hyposulfite de soude, coupe de prépuce, salicine (issue de l’écorce de Saule), ferri-cyanure de potassium et acétate de plomb. L’un des autochromes de Gimpel représente une  « assiette en faïence appartenant à M. Brouillet et trouvée par son beau-frère dans un magasin de Saint-Pierre de la Martinique après l’éruption du Mont Pelé, mars 1910).

    Divers autochromes de Frédéric Montpillard et Léon Gimpel réalisés entre 1907 et 1922 et représentant des filtres pour la photographie des couleurs et des micrographies de sujets variés : réseaux de la plaque autochrome,  champignon parasite sur l’aile d’une mouche,  cellules nerveuses, hyposulfite de soude, coupe de prépuce, salicine (issue de l’écorce de Saule), ferri-cyanure de potassium et acétate de plomb. L’un des autochromes de Gimpel représente une  « assiette en faïence appartenant à M. Brouillet et trouvée par son beau-frère dans un magasin de Saint-Pierre de la Martinique après l’éruption du Mont Pelé, mars 1910).

  • Laboratoire d’essai

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    Frédéric MARTENSLes bords de la Seine à Paris vus du Salon carré du Louvre. Daguerréotype panoramique inversé obtenu à l’aide de l’appareil de l’auteur, brevet déposé le 11 juin 1845. Vers 1845-1850. L’objectif de l’appareil permettait d’embrasser un angle visuel de plus de 150 degré en pivotant autour d’un axe vertical devant une plaque 12x40cm courbe et mobile.

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    Pigeogrammes : - Spécimen de pellicule au collodion transmis par pigeon-voyageur. 1871- Dépêches à projeter. Epreuve micro-photographique sur verre. Vers 1870-1871

    Auteur d’un traité de photographie au microscope, Dagron est spécialiste de la photographie réduite : il réussit notamment à regrouper sur une surface de 1 mm, les portraits de 400 députés. Il appliqua sa technique à la bijouterie (photographies enchâssées dans des bijoux bagues et des pendentifs). Son procédé est décrit dans de nombreux ouvrages dont Les merveilles de la science de Louis Figuier (1870). A l’exposition Universelle de 1867, puis à la SFP en 1871, Dagron présente ses micropoints à lire au microscope. En 1870, il soumet au directeur général de postes dont il relève en tant « Chef de service des correspondances postales photographiques, l’idée d’envoyer des microdépêches : « Chacun de ces points d’un demi millimètre comprends la matière de 16 pages in folio soit 130400 lettres par point d’un demi millimètre. Pour les lire, il faut un grossissement x100 » (Bulletin de la SFP, 1871)

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    Intitulé “L’art de vivre cent ans”, ce premier entretien photographique réalisé par Nadar père et fils a été publié en 1886 dans le journal “L’illustration«  sous le titre « Premier interview photographique et première application de la photographie à l’illustration du journal. « L’art de vivre cent ans. Trois entretiens avec Monsieur Chevreul photographié à la veille de sa cent et unième année » 5 septembre 1886.  Il met en scène une discussion animée entre Félix Nadar et Michel- Eugène Chevreul (1786-1889), chimiste français connu pour son travail sur les acides gras et la saponification et sa contribution à la théorie des couleurs. Ces travaux lui valurent la médaille Copley en 1857.

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    NAISSANCE D’UN POU

    Auguste BERTSCH, Œuf de pou vide, œuf de pou plein et éclosion du pou. Tirages albuminés d’après une épreuve photo-microscopiques obtenues par combinaison de la chambre noire et du microscope solaire, 1851-1857

    Membre fondateur de la Société française de photographie en 1854, Auguste Bertsch associe le microscope solaire à l’appareil et photo et s’évertue à photographier l’infiniment petit. Ses premiers essais de photographies de poux datent de 1851 comme en témoigne un article de La Lumière, première revue de photographie en France.

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Principe de l’anaglyphe« Un anaglyphe est une image stéréoscopique composée de deux vues superposées légèrement décalées. Les deux vues sont de couleurs complémentaires, généralement la vue gauche en rouge et la droite en cyan. La vision en relief est restituée par le port de lunettes bicolores : le filtre rouge pour l’oeil gauche et le filtre cyan pour l’oeil droit.Le principe de l’anaglyphe réside dans le fait que certaines couleurs sont invisibles à travers un filtre coloré donné : c’est le principe de la synthèse soustractive. Le filtre rouge du verre gauche de la lunette rend sombre l’image cyan, si bien que l’oeil gauche ne perçoit qu’elle, et rend claire l’image rouge, qui disparait. L’effet est inverse pour l’oeil droit et le filtre cyan. Le cerveau recompose alors le relief à partir des points communs de ces deux images superposées ».

    Principe de l’anaglyphe
    « Un anaglyphe est une image stéréoscopique composée de deux vues superposées légèrement décalées. Les deux vues sont de couleurs complémentaires, généralement la vue gauche en rouge et la droite en cyan. La vision en relief est restituée par le port de lunettes bicolores : le filtre rouge pour l’oeil gauche et le filtre cyan pour l’oeil droit.
    Le principe de l’anaglyphe réside dans le fait que certaines couleurs sont invisibles à travers un filtre coloré donné : c’est le principe de la synthèse soustractive. Le filtre rouge du verre gauche de la lunette rend sombre l’image cyan, si bien que l’oeil gauche ne perçoit qu’elle, et rend claire l’image rouge, qui disparait. L’effet est inverse pour l’oeil droit et le filtre cyan. Le cerveau recompose alors le relief à partir des points communs de ces deux images superposées ».

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    Peu exploité en France jusqu’aux années 1920, le procédé connait alors un regain d’intérêt avec les images que produit le photoreporter touche à tout Léon Gimpel qui adapte le procédé de Ducos du Hauron à l’autochrome (premier procédé couleur commercialisé et initié par les frères Lumières).
    L’image anaglyphe autochrome de la lune qu’il enregistre à partir d’une plaque de l’Observatoire de Paris en 1923 est publiée dans le journal L’Illustration et accompagnée d’un lorgnon bicolore. Ce succès populaire initie la mode des anaglyphes imprimés notamment dans la publicité, le tourisme, l’enseignement.

  • Dès 1853, l’allemand Wilhelm Rollmann présente des dessins stéréoscopiques jaune et bleu observable à travers des verres bleu et rouge. Cinq ans plus tar, le français Joseph Charles d’Almeida projette sur écran des stéréogrammes photographiques par l’intermédiaire de deux projecteurs munis de filtres rouge et vert tandis que les spectateurs sont munis de verres colorés.
L’adaptation du principe de superposition de deux images rouge et bleue à l’image sur papier est initié en 1891 par Louis Ducos du Hauron qui baptise son procédé du nom d’ « anaglyphe ». (qui signifie « sculpté ou ciselé en relief » en grec ).

    Dès 1853, l’allemand Wilhelm Rollmann présente des dessins stéréoscopiques jaune et bleu observable à travers des verres bleu et rouge. Cinq ans plus tar, le français Joseph Charles d’Almeida projette sur écran des stéréogrammes photographiques par l’intermédiaire de deux projecteurs munis de filtres rouge et vert tandis que les spectateurs sont munis de verres colorés.

    L’adaptation du principe de superposition de deux images rouge et bleue à l’image sur papier est initié en 1891 par Louis Ducos du Hauron qui baptise son procédé du nom d’ « anaglyphe ». (qui signifie « sculpté ou ciselé en relief » en grec ).

  • Léon GIMPEL, “Jeanne qui rit et Jeanne qui pleure”, image composite à examiner successivement à travers des écrans rouges et bleu verdâtre. Cliché Robach, autochrome, 1920.« Ceci n’est pas un anaglyphe et ne peut donner la sensation du relief : c’est une figure démonstrative expliquant le mécanisme de l’absorption d’une couleur pas sa complémentaire, phénomène sur lequel est basé l’anaglyphe. Comme nous l’expliquons au cours de notre article, cette image doit être examinée successivement avec chaque oculaire du lorgnon bicolore ; au travers de la gélatine bleu verdâtre , on y verra Jeanne qui rit, et Jeanne qui pleure grimacera lorsqu’on se servira de la gélatine rouge orangé ». Léon Gimpel, commentaire écrit au dos d’une épreuve sur papier pour l’envoi au journal « L’illustration ».

    Léon GIMPEL, “Jeanne qui rit et Jeanne qui pleure”, image composite à examiner successivement à travers des écrans rouges et bleu verdâtre. Cliché Robach, autochrome, 1920.
    « Ceci n’est pas un anaglyphe et ne peut donner la sensation du relief : c’est une figure démonstrative expliquant le mécanisme de l’absorption d’une couleur pas sa complémentaire, phénomène sur lequel est basé l’anaglyphe. Comme nous l’expliquons au cours de notre article, cette image doit être examinée successivement avec chaque oculaire du lorgnon bicolore ; au travers de la gélatine bleu verdâtre , on y verra Jeanne qui rit, et Jeanne qui pleure grimacera lorsqu’on se servira de la gélatine rouge orangé ». Léon Gimpel, commentaire écrit au dos d’une épreuve sur papier pour l’envoi au journal « L’illustration ».

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    Jeanne qui rit, Jeanne qui pleure

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    Louis DUCOS DU HAURON. Images impalpables dans l’espace / anaglyphes

    Procédé Louis Ducos du Hauron, A. Leroux, photograveur à Alger 1893. Ducos du Hauron décrit le système perfectionné de jeux de couleurs dits « anaglyphes polychromes » en 1896 dans la Revue suisse de photographie. Quatre ans plus tôt, le 15 septembre 1892, il avait pris un brevet concernant les estampes, photographies et tableaux stéréoscopiques produisant leur effet en plein jour sans l’aide du stéréoscope.

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    Eugène ESTANAVE ET LES IMAGES CHANGEANTES

    Relief d’aspect changeant : les yeux trompeurs. Gélatino-bromure d’argent sur verre et réseau ligné horizontal sur verre
    1909.
    « Les quatre images (formant l’image finale) sont constituées par 691 000 points. Réseaux points relief et aspect changeant. Le relief s’obtient en examinant attentivement à environ 50 cm l’aspect changeant en élevant légèrement la tête. Hommage à la Société française de photographie, 1910 ». Estanave poursuit les recherches de Lippmann (Président de la SFP de 1897 à 1899) sur la photographie intégrale et dépose un brevet en 1908 pour ce procédé de plaques autostéréoscopiques.

    Léon GAUMONT

    Photographies permettant de déterminer la vitesse des voitures automobiles obtenues avec l’obturateur de plaque à deux fentes de Léon Gaumont. Tirage gélatino-argentique, 1902 Dès son invention, l’automobile retient l’intérêt des pouvoirs publics : taxes, immatriculations et limitation de vitesse. Datant du mars 1899 le premier décret sur la limitation de la vitesse et modifié le 10 septembre 1901. La question de la mesure de cette vitesse est posée. Léon Gaumont (à l’origine de la Société de production Gaumont crée en 1895) y répond en proposant d’installer sur un appareil un obturateur à deux fentes afin d’enregistrer deux images sur une même plaque. Lorsque le sujet est immobile, les images se confondent mais lorsqu’il y a un mouvement, les vues sont décalées. Le temps entre les deux photos étant connu, il suffit de mesurer le déplacement du véhicule pour connaître sa vitesse. Ainsi l’analyse de cette image montre que ce quadricyle descendait les Champs Elysées à  7mètres 999 millimètres et demi à la seconde soit 28,798 km/h.

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    Plus de 100 ans avant James Bond, les opérateurs avaient mis au point le «photocravate», le «photobinocle» (apparenté à des jumelles), le «photolivre» et « ’escopette photographique» (en forme de révolver).

  • Photographier les expositions de photo n’était pas un sujet photographique. Cette exposition de 1863 fut organisée par la SFP qui se livra régulièrement à ce genre d’événement à partir de 1855.

    Photographier les expositions de photo n’était pas un sujet photographique. Cette exposition de 1863 fut organisée par la SFP qui se livra régulièrement à ce genre d’événement à partir de 1855.

  • Un laboratoire des premières fois, les collections de la Société Française de Photographie

  • Fondée en 1854, reconnue d’utilité publique en 1892, la Société française de photographie (SFP) est la plus ancienne société de photographes encore active et l’une des plus importantes collections privées de photographies historiques en Europe. Rassemblant objets, images, ouvrages, périodiques et documents manuscrits, la collection, aujourd’hui classée monument historique, s’est constituée au gré des activités de ses membres : expérimentations techniques, théoriques ou visuelles. En effet, si les opérateurs brevetaient souvent leurs innovations, ils officialisaient plus régulièrement leurs découvertes par une présentation publique à la SFP suivie d’une publication dans son Bulletin et de dons d’épreuves ou d’objets.

    C’est ainsi que la SFP conserve la première photolithographie d’Alphonse Poitevin, les expérimentations de photographies en couleur de Ducos du Hauron et ses recherches précoces sur les anaglyphes ou les premiers essais d’autochromes des frères Lumière.

    Aux « premières fois » techniques (mis au point d’un procédé ou d’un appareil) s’ajoutent les « premières fois » d’usages (applications) parmi lesquelles figurent de nombreux essais de photographie instantanée, les premières images de la terre vue du ciel – la photographie aérostatique – de Paul Nadar ou encore les essais réussis de transmission d’images à distance par le bélinographe.

    L’idée même de conserver pour le futur les innovations photographiques en tous genres est au coeur des missions de la SFP depuis son origine. Aussi, nombreuses sont aujourd’hui les pratiques et usages de l’image ayant découlées des multiples tâtonnements dont la collection conserve la mémoire et les hésitations. Mais les premières fois sont aussi parfois des échecs et plusieurs échantillons illisibles aujourd’hui n’ont pas résisté aux aléas du temps et de leur époque.

    Au-delà de l’intérêt socio-historique de ces images, c’est aussi à une lecture esthétique de « l’expérimental photographique » que nous invitent aujourd’hui ces incunables de la photographie. Offertes sur toutes sortes de supports, manipulées et portant les traces de ces manipulations, annotées au recto comme au verso, reproduites sous plusieurs formes, ces images ont nourri et continuent de nourrir les imaginaires photographiques dont elles forment une précieuse archéologie.

    Luce Lebart, commissaire d’exposition et directrice des collections de la SFP

    • A Laboratory for first time experiments: the Société Française de Photographie collections.

      Established in 1854 and state-approved in 1892, the SFP is one of the oldest photographers societies still active and one of the most important private collections of historical photo-graphs in Europe. Bringing together objects, images, books, periodicals and handwritten documents, the collection, today listed a historic monument, was formed according to its member’s activities: technical, theoretical and visual experimentations. In fact, although these early photographers often patented their innovations, they more regularly made their discover-ies official by presenting them at the SFP, followed by the publication of an article in the society’s Bulletin and donations of prints and objects.

      Hence the SFP conserves the first photolithography by Alphonse Poitevin, the experi-mentations of colour photography by Louis Ducos du Hauron and his early research into ana-glyphs, and the Lumière brothers’ first autochrome tests.

      To the technical ‘first times’ (developing a process or a camera) are added the ‘first time’ uses (applications), among which figure numerous attempts at snapshot photography, the first images of the Earth seen from above – aerostatic photography – by Paul Nadar, along with the successful attempts at the transmission of images from a distance by the Bélinographe.

      The actual idea of conserving photographic innovations of every kind for the future has been central to the SFP’s missions since its inception. Hence today, there are many prac-tices and uses of the image that have followed on from the multiple tentative steps of which the collection conserves the memory and hesitations. But first times were sometimes also fail-ures and several examples, now illegible, have not resisted the vagaries of their period or of time.

      Apart from the socio-historical interest of these images, today these incunabular of photography also invite us to an aesthetic reading of ‘photographic experimentation’. Offered in all kinds of mediums, manipulated and bearing the traces of these manipulations, annotated on both front and back, and reproduced in several forms, these images have fed and continue to feed the photographic imaginations of which they form a precious archaeology.

      Luce Lebart, curator, in charge of the SFP collections