Sélectionnez votre langue
Dossier thématique sous la direction de :
Alice AIGRAIN (Université de Strasbourg)
Camille JOSEPH (Université Paris 8)
Anaïs MAUUARIN (EHESS)
Argumentaire
Dans son livre Mon vrai nom est Elisabeth, Adèle Yon mène une enquête pour documenter et reconstruire la trajectoire de son arrière-grand-mère diagnostiquée schizophrène dans les années 1950. Rapidement, elle se pose la question des archives photographiques produites et conservées tant par l’institution asilaire que par le personnel soignant : « Je demande à Roseline si elle a conservé des photographies de l'époque... J'en avais plein les cartons me dit Roseline, mais j'ai tout foutu en l'air il y a un mois. J'ai rien gardé. Il aurait fallu le savoir avant... J'avais beaucoup de photos1. »
Ce sont ces photographies, conservées, jetées, publiées ou encore vendues, que le prochain numéro de la revue Photographica souhaite documenter. Comment est produite, diffusée et utilisée la photographie dans les institutions coupées du monde extérieur, ces lieux clos dans lesquels les personnes vivent une vie recluse et régulée par des règles strictes (hôpitaux psychiatriques, internats, couvents, monastères, casernes, prisons, camps, sanatoriums, léproseries, foyers, maisons de retraite...) ? Si elle a souvent été étudiée comme instrument de contrôle ou de discipline (Sekula2, Tagg3), la photographie ouvre des espaces de circulation, de négociation et de contestation qui sont restés largement inexplorés. Ce numéro propose d’interroger la diversité des usages photographiques en contexte institutionnel – des pratiques officielles à celles des personnes qui y vivent ou y travaillent – afin de mieux saisir la complexité des rapports sociaux et des représentations qui s’y construisent, depuis les prémices de la photographie jusqu'aux années 1980.
La définition de ces institutions que Erwin Goffman a qualifiées de totales4 et les débats ouverts par ses travaux dans les années 1960 – prolongés, entre autres, par Michel Foucault5 et plus récemment par Corinne Rostaing6 – constituent un socle théorique à partir duquel nous souhaitons aujourd’hui questionner les pratiques, les usages et les circulations des corpus photographiques liés à ces institutions. Ce numéro entend interroger la façon dont ces corpus valident ces définitions ou, au contraire, en soulignent la dimension labile voire en testent la pertinence et les limites. On pourra ainsi se demander si, au sein d’espaces définis comme « clos », la photographie, à la fois comme pratique et comme objet, peut permettre des circulations « hors-les-murs ». Si oui, ces circulations sont-elles encadrées et contrôlées par l’institution, ou bien relèvent-elles de stratégies ou dynamiques qui témoignent au contraire d'une certaine porosité de ces espaces, parfois même recherchée par l’institution elle-même ? Comment certains corpus s’inscrivent-ils dans les fonctions d’exclusion ou de disciplinarisation au cœur de la définition de ces lieux de vie ? Comment d’autres pratiques semblent davantage capables de s’insérer dans les marges de manœuvre de ces espaces ?
Axes possibles pour les articles
À partir d'études s'appuyant sur des corpus photographiques produits depuis ces espaces de vie institutionnels, les propositions pourront s'inscrire dans les axes suivants. La liste n'est pas exhaustive, et nous invitons les auteurs et autrices à produire des articles interrogeant plusieurs de ces axes de façon transversale :
Axe 1 - Vues du dedans : la photographie par et pour les institutions
Une première pratique, peut-être la plus évidente, est celle initiée par les institutions elles-mêmes. Cette pratique institutionnelle est ancienne : dès les années 1870, par exemple, certains services hospitaliers – notamment en psychiatrie – mettent en place des laboratoires photographiques pour documenter leurs patient·es, les activités médicales et l’évolution des pathologies. De tels dispositifs nécessitent des moyens matériels, financiers et humains : recrutement d’opérateurs, négociation de budgets, organisation d'espaces dédiés, définition des protocoles de prise de vue et des règles de diffusion, etc. On retrouve des dynamiques similaires dans d’autres espaces clos (prisons, couvents, internats, etc.), où l’institution prend en charge, de manière plus ou moins centralisée, la production des images. Ces corpus incluent notamment des portraits des personnes recluses, des vues architecturales des bâtiments, des images des activités, du personnel ou encore de la vie quotidienne. Si certaines de ces archives ont déjà fait l’objet d’études, une part importante demeure inédite et mérite d’être explorée.
Il s’agit de comprendre comment s’organisent les conditions matérielles et sociales de production des photographies au sein de ces espaces. Lorsque la photographie est portée par un désir institutionnel, comment se déploie-t-elle ? Qui sont les opérateurs qui produisent les photographies mais aussi les commanditaires et les administrateurs ? Quelles sont leur matériel et leurs conditions de travail ? Les clichés s’inscrivent-ils dans une économie interne à l’institution ? Voit-on alors une profession de photographe émerger dans ces lieux, ou à l’inverse s’agit-il de mettre à contribution, dans les laboratoires photographiques internes par exemple, les personnes recluses ?
Les usages de ces photographies sont divers, et certaines circulent uniquement à l’intérieur de l’institution ou entre des institutions similaires. Elles peuvent alors y remplir des fonctions mémorielles, scientifiques, disciplinaires, politiques ou économiques que nous invitons à mettre en lumière. L’analyse de ces corpus permet de saisir comment la photographie, lorsqu’elle est portée par un projet institutionnel, participe à l’organisation, à la légitimation et parfois à la mise en tension des pratiques et des représentations propres à ces espaces clos.
Par ailleurs, la régulation de la pratique de la photographie s’inscrit dans des dynamiques plus générales, qui débordent l'enceinte de l'institution qui les produit. Il est ainsi possible de s'interroger sur la façon dont sont légitimés ou non les usages de la photographie dans ces espaces, ainsi que sur l'histoire de cette légitimité. Des dispositifs légaux entourent-ils ces pratiques et comment évoluent-ils ? On pourra ainsi se demander si des débats émergent concernant l’arrivée de la photographie dans ces espaces, alors qu'ils ont pour vocation de se situer à l’écart du reste de la société et à l’abri relatif des regards extérieurs.
Axe 2 - La photographie hors les murs : production, circulation, diffusion
Les photographies prises depuis ces espaces ne sont pas toujours produites par l'institution elle-même ni à destination d'elle-même. Des clichés produits par l'institution sont destinés à circuler au-dehors, pour valoriser l’institution, construire son image publique ou, au contraire, dissimuler certains aspects de la vie quotidienne. On s’interrogera ainsi sur le type de « documents » produits par les institutions et la diversité des supports mobilisés pour diffuser ces images hors des murs : albums, cartes postales, illustrations, affiches, etc. Il s’agira d’identifier quelles images ont circulé ainsi que les motivations derrière ces diffusions, notamment leur caractère promotionnel7. Du point de vue des personnes recluses, on examinera le rôle de la diffusion de ces images dans la médiatisation de leur expérience de vie.
Des acteurs extérieurs peuvent également intervenir afin de documenter ces lieux de vie, pour les rendre visible au dehors. Nous pensons notamment à la médiatisation de ces espaces par des photographes reporters, des photojournalistes, ou même des photographes intervenant dans le cadre de projets artistiques. Cela soulève la question de la relation qui existe entre les photographes et l'institution : Qui a accès à ces espaces clos ? Quelles démarches, quelles sociabilités encadrent la possibilité même de rentrer dans ces lieux pour y faire des clichés ? Quelles sont les conditions d'accès à ces espaces, et quel contrôle ont les institutions sur les images prises ? Comment les producteurs contournent les éventuels cadres posés par l'institution ? Quelle relation s'instaure entre les personnes photographiées et les photographes venus du dehors ? De même, il est possible de s'interroger sur les stratégies de détournement qui peuvent être mises en place lorsque les reportages sont empêchés.
On pense par exemple aux reportages de Détective qui, pour l'illustration de certains articles les plus outranciers sur ces institutions (prisons, hôpitaux psychiatriques), ne publient que marginalement des photographies en rapport avec le reportage ou le propos de l'article8. La photographie, en s'appuyant sur la mise en page, la typographie, l’agencement des images et de grossiers photomontages, sert surtout à provoquer chez les lecteurs l’effroi souhaité, même si elle est hors sujet. Cet exemple questionne la façon dont on comble l'absence de photographies lorsqu'on ne peut pas en faire. La multiplicité des supports servant la diffusion de ces photographies pose la question des discours qui les accompagnent : dénonciation de ces espaces ou défense de ces dispositifs, illustration d'une actualité ou d'un fait divers, portrait d'un acteur des lieux, etc. Le recours aux photographies peut tantôt accentuer et servir des discours institutionnels par la mise en image ou les modalités de leur publication, tantôt, au contraire, ouvrir une brèche et prendre ces discours à rebours
Axe 3 - Déborder le cadre : la photographie par les personnes vivant et travaillant en institution
Dans son livre, Adèle Yon évoque avec Roseline, une infirmière psychiatrique ayant eu une intense pratique photographique, le type de clichés qu'elle n'a finalement pas conservés : « Des photos avec des fêtes que la bonne sœur faisait, des photos de carnaval... oui, oui, j'avais plein de trucs...9 ». Surgit alors la possibilité d'une photographie en interne, dont la production n'est toutefois pas gérée par l'institution et son administration, mais l'œuvre de photographes amateurs, en particulier des membres du personnel mais aussi des personnes recluses. Ces corpus sont-ils le fruit de pratiques individuelles ou émergent-ils dans le cadre de pratiques plus encadrées, des photo-club par exemple ? Quelles sont les réglementations encadrant la prise de photographies ? Quelles sont les possibilités techniques d'accès à un appareil ou à un laboratoire ?
Dans certains cas, cette pratique amateur épouse sans doute le rythme et les codes visuels de ces institutions. Non seulement elle témoigne de la vie dans ces espaces, en y révélant par exemple des scènes quotidiennes, mais elle peut même participer de cette vie interne en étant présente et en performant les rituels sociaux (anniversaires, fêtes, portraits, photographies de familles, etc.)10. La photographie en tant que pratique participe-t-elle a reproduire et importer des normes sociales qui caractérisent d’autres espaces de vie au sein de ces institutions totales en masquant leur dimension disciplinaire ? Les clichés réalisés dans ce cadre reproduisent-ils les codes visuels propres à ce type de photographies ? On pense également à des cas de censure tacite qui pèse sur ces pratiques, à l'instar de celle qui était appliquée par les photographes amateurs exerçant dans les camps d'internements soviétiques au milieu du XXe siècle, qui s'accordaient à ne jamais prendre des signes matériels de la situation d'emprisonnement tels que les barbelés11.
A l'inverse, on peut se demander si cette pratique photographique ne vient pas parfois déborder les codes officiels pour montrer une autre vision de la vie en institution : les clichés pris par les personnes vivant et travaillant dans ces espaces proposent-ils des jeux, des espaces de porosité contournant les enjeux de domination et de violence induits par l'aspect disciplinaire et normatif de leurs lieux de production ? On se demandera si, même quand elles sont prises sous le regard de l'institution, ces photographies peuvent mettre en cause la relation asymétrique faisant nécessairement des personnes recluses les objets (passifs) de la photographie. Est-ce là un moyen pour les personnes vivant dans l'institution de se réapproprier leur espace de vie et les représentations d'elles-mêmes ? De manière générale, on peut se demander dans quelle mesure il existe des usages spécifiques de la photographie au sein des institutions totales, parmi les personnes qui y vivent et y travaillent, et s'il s'y déploie une économie visuelle particulière.
On pourra même se demander dans quelle mesure et dans quelles conditions des pratiques clandestines, passées sous le radar des institutions, peuvent exister. En 1961 par exemple, un détenu algérien proche du FLN immortalisait clandestinement des pièces de théâtre à caractère politique à la prison des Baumettes de Marseille12. Quelle chaîne de solidarité peut permettre ce genre de pratiques, et, selon le contexte, quels objectifs les motivent ? Ont-elles par ailleurs des répercussions, lorsqu'elles sont découvertes, sur la place plus large accordée à la photographie dans les institutions ? Si le travail des historiens permet d'exhumer de telles images, on pourra se demander de quelles autres sources et méthodes nous disposons pour percevoir ces pratiques visuelles, nécessairement dissimulées dans les plis des archives.
On s'interrogera également sur la façon dont les photographies faites par des personnes recluses ou des membres du personnel, sont montrées et diffusées : que deviennent les tirages produits dans ces espaces ? Font-ils l'objet d'une mise en valeur sous la forme d'expositions, de projections, de feuillets, d'albums, etc. ? Existe-t-il des réseaux informels et clandestins entre les personnes vivant dans l'institution, ou bien la présence de la photographie fait-elle plus souvent l'objet d'arrangements entre l'institution, les photographes amateurs et les autres personnes recluses ?
En s'intéressant à ces pratiques photographiques amateurs qui échappent pour partie aux institutions disciplinaires, on se demandera non seulement dans quelle mesure elles viennent perturber, ou au contraire rejouer, les représentations que ces institutions se donnent d'elles-mêmes, mais également de quelles façons elles reconnectent ces institutions à l'écosystème social et politique qui les entourent et dans lesquels elles sont prises.
À propos de méthodologie
On portera une grande attention aux articles prenant en compte toute la complexité des corpus étudiés et les enjeux de violence possiblement induite par certains clichés. Nous invitons les auteurs et autrices à engager une réflexion sur les modalités de leur publication dans la revue (format, légende, etc.).
Modalités de soumission et calendrier
L’appel est ouvert jusqu’au lundi 9 février 2026.
Les propositions (en français ou en anglais) devront inclure votre nom et votre affiliation, un résumé de l’article de 3000 à 4000 signes accompagné d’une bibliographie, ainsi qu’une courte note bio-bibliographique. Elles sont à envoyer à l’adresse suivante :
Les auteur·ices dont les propositions seront retenues seront avisé·es début mars 2026.
Les articles, de 30 000 à 35 000 signes (espaces et notes comprises), seront à envoyer pour le 1er juin 2026.
Parution de la revue Photographica (no 14) : printemps 2027.
Bibliographie indicative :
Ouvrages et articles
Catalogues d’exposition et colloques :
2 John Tagg, The Burden of Representation, Minneapolis, University of Minnesota Press, 1993.
3 Allan Sekula, “The Body and the Archive”, October 39, 1986, p. 3-64.
4 Une institution totale est définie par Goffman comme « un lieu de résidence et de travail, où un grand nombre d’individus, placés dans la même situation, coupés du monde extérieur pour une période relativement longue, mènent ensemble une vie recluse dont les modalités sont explicitement et minutieusement réglées. Les prisons constituent un bon exemple de ce type d’institutions mais nombre de leurs traits caractéristiques se retrouvent dans les collectivités dont les membres n’ont pas contrevenu aux lois. » Erving Goffman, Asiles. Études sur la condition sociale des malades mentaux, Paris, Editions de Minuit, 1968, p. 41.
5 Michel Foucault, Surveiller et punir, Paris, Gallimard, 1975.
6 Rostaing Corinne, « Institution totale : ambiguïtés et potentialités d'un concept bien vivant », Ethnographiques.org : revue en ligne de sciences humaines et sociales [En ligne], n°46, 2023, URL : https://www.ethnographiques.org/2023/Rostaing
7 On pense par exemple à l’« efficacité » du processus d’amalgamation tel qu’il a pu être mis en scène par les clichés « avant/après » des pensionnats du sud-ouest des Etats-Unis accueillant des enfants indigènes. Voir Eric Margolis et Jeremy Rowe, “Images of assimilation: Photographs of Indian schools in Arizona”, History of Education 33-2, 2004, p. 199-230.
8 Renneville, Marc, « Démons et déments. Quand Détective enquête sur la folie », Criminocorpus [En ligne], 2018, URL : http://journals.openedition.org/criminocorpus/5017
9 Adèle Yon, Mon vrai nom est Elisabeth, Paris, Editions du Sous-sol, 2025, p. 302.
10 Pierre Bourdieu, Un art moyen, Paris, Les éditions de Minuit, 1965.
11 Irina Tcherneva, “For an Exploration of Visual Resources of the History of Imprisonment”, The Journal of Power Institutions in Post-Soviet Societies 19, 2018, URL: http://journals.openedition.org/pipss/5003
12 Fanny Layani « Théâtre et politique en prison : le FLN aux Baumettes (Marseille, 1961) » dans Marie Chominot et Sébastien Ledoux (dir.), Algérie. La guerre prise de vues, 2024, Paris, CNRS Editions, p. 75-90.
Call for papers: Photographica #14 (2027)
“Inside/Outside: Photographing life in institutions (1840-1980)”
Deadline for submissions: Monday 9, 2026
Co-editors
Alice AIGRAIN (Université de Strasbourg)
Camille JOSEPH (Université Paris 8)
Anaïs MAUUARIN (EHESS)
Call for papers
In her book Mon vrai nom est Elisabeth, Adèle Yon investigates and documents the life of her great-grand-mother, who was diagnosed with schizophrenia in the 1950s. She soon wonders about the availability of photographic archives made and preserved either by the asylum or by the nursing staff. “I ask Roseline if she still has photographs from that time…’I had boxes full of them,’ she says, ‘but I threw it all away one month ago. I haven’t kept anything. You should have told me before… I had lots of pictures.’”13
The next issue of Photographica aims precisely at documenting these photographs—the ones that were kept, discarded, published, or even sold. How was photography produced, used and circulated in institutions cut off from the rest of the world, those enclosed spaces where people live reclusive and strictly regulated lives (psychiatric wards, boarding schools, convents, monasteries, military barracks, prison camps, sanatoriums, leper colonies, shelters, retirement homes,…)? While photographs have often been studied through the lens of their controlling or disciplinary function (Sekula,14 Tagg15), they have more rarely been addressed as circulating objects or as means of negotiation and contestation. In this issue, we seek to explore the diversity of the functions of photography in institutional contexts—whether initiated by the institution itself or by the people living or working within it—in order to understand the complex social relations and representations that have existed in closed institutions from the beginnings of photography to the 1980s.
Our theoretical ground is rooted in Erwin Goffman’s concept of total institutions16 and the debates that followed in the 1960s, particularly in the work of Michel Foucault17 and, more recently, Corinne Rostaing.18 In this issue, we would like to question the ways in which photographs corroborate these definitions or, on the contrary, reveal their instability and test their validity by exposing their limits. In “closed” spaces, can photography—as a practice—and photographs—as objects—circulate beyond the walls? If so, are such circulations controlled and managed by the institutions, or do they reflect strategies and motivations that attest to the porosity of these spaces—porosity that the institutions have an interest in maintaining? We want to examine how some photographs participate in the excluding and disciplinary functions intrinsic to total institutions, as well as how others seem able to exist at their margins.
Possible topics for contributions
Based on case studies of photographs made and produced within these institutions, we welcome articles focusing on the following main topics. The list is not exhaustive, and contributions that address several of them are encouraged.
Topic 1 – Scenes from the Inside: Photography by and for Institutions
A first, perhaps self-evident, practice is photography initiated by institutions themselves, a long-standing tradition. In the 1870s, for instance, some hospitals—specifically psychiatric wards—created photographic laboratories to document patients, medical activities, the evolution of pathologies, etc. This required material, financial, and human resources; hospitals recruited operators, sought funding, set up dedicated rooms, defined visual protocols, and so forth. Similar practices can be found in other closed institutions (prisons, convents, boarding schools,…), with a more or less centralised production of images. The resulting photographs include portraits of residents, architectural views, scenes of daily life or specific activities, pictures of staff members, etc. While some archives have already been explored, a large part of these visual collections remains to be uncovered.
Our objective is to understand the material and social conditions under which photographs were produced in these closed spaces. What kinds of pictures are produced when photography is an institutional initiative? Who are the operators taking the photographs? Who are the clients or administrators behind this visual strategy? Which equipment is used, and under what conditions? Do photographs circulate within the institution? Are professional photographers always involved, or does the institution assign the residents to work in photo labs?
The uses of these photographs is equally diverse. They may be circulated within the institution or between similar institutions. Their roles may be memorial, scientific, disciplinary, political, or economic. By analysing the archives, one can better understand the extent how photography produced by an institution contributed to organising and legitimising the institution’s work and its self-representation, as well as its internal contradictions.
The institutional regulation of photographic practices has a broader context. We invite contributions that examine how photography has become legitimate—or not—in enclosed spaces. Are there legal provisions governing these practices? How have they evolved through time? We also welcome analyses of the debates that emerged when photography entered these enclosed spaces, which are by definition cut off from society and outsiders.
Topic 2 – Photographs Produced, Circulated and Distributed Outside the Institution’s Walls
Photographs taken in institutions are not always produced by the institution, nor for its own use. Some are destined to circulate beyond its walls, either to promote and defend its public image or, on the contrary, to conceal certain aspects of life inside. We would like to question the nature of these “documents” and the diversity of media used to distribute them on the outside: photo albums, postcards, illustrations, posters,… Which images circulate and to which purpose, for instance promotional ones? 19 It would also be interesting to consider the perspective of the residents and examine the role these images play in representing their life experiences to viewers beyond the walls.
External actors may also intervene in institutions to document them as living environments. Particular may be given to the work of photographers-reporters, photojournalists, and professional photographers with artistic projects. This raises the question of the relation between institutions and photographers. Who has access to these closed spaces? What forms of sociability are required to get in? Under what conditions is access granted? Does the institution control the pictures taken? How may photographers circumvent institutional restrictions? What relationships develop between the people photographed and the outside photographer? When reporting is forbidden, what bypass strategies exist?
In the magazine Détective, for instance, some of the most sensational articles on institutions (prisons and psychiatric wards) were illustrated with pictures unrelated with the actual content.20 Even if off-topic, photography was used to provide readers with the desired sense of awe through striking layout, typography and crude photomontage. This example raises the question of what is used to fill in the void when photography is forbidden. The multiplicity of media through which images circulate prompts questions about the accompanying discourses: denouncing living conditions, supporting of the established system, illustrating a news story, portraying an institutional actor,… Depending on their visual choices and their circulation channels, photographs may come in support of institutional discourses or, conversely, open a breach in the walls.
Topic 3 – Beyond the Frame: Photographs Taken by Residents or Staff Members
In her book, Adèle Yon asks Roseline, a retired psychiatric nurse, about the pictures she eventually threw away: “There were pictures of celebrations organised by the nun, pictures of carnivals… I had tons of stuff.”21 This suggests that the existence of a type of internal photography that escapes the control of the institution and administration. It is produced by amateur photographers, be they members of staff or residents. Are these photographs the result of individual practices, or are they produced under supervision or in more organised forms, such as photo clubs? Do institutions establish rules for the practice of photography? On a technical level, how do people have access to a camera or a photo lab?
In some cases, amateur photography may adopt the rhythm and visual codes of the institutions. Not only does it document daily life, it may also participate in it with the presence of a photographer during social rituals (birthdays, celebrations, individual or family portraits,…).22 One may ask whether photography helps reproduce social norms present in other environments and import them into closed institutions while obscuring their disciplinary dimension. Are all internal photographs disciplinary in nature? One may also consider tacit censorship, as in Soviet internment camps in the mid-20th century, where amateur photographers avoided taking photographs of material signs of imprisonment situation such as barbed-wire.23
However, photography sometimes challenges official visual codes by offering a different view of life in institutions. Do these pictures, taken by people living or working inside, play with norms and create porous spaces that circumvent the domination and violence existing in disciplinary environments? Even when the institution is aware of its existence, can photography challenge the asymmetrical relationship that reduces residents to (passive) photographic objects? Can photography allow residents to re-appropriate their living environment and their self-representation? We welcome contributions examining the specific uses of photography in total institutions and its visual economy.
Another important aspect to consider is the existence of clandestine photography, which completely escapes the institutional control. For example, in 1961 at the Baumettes prison in Marseille, France, an Algerian detainee close to the Front de Libération Nationale (FLN) secretly took photographs of stage plays conveying strong political messages. What solidarity chains made such act possible? What were the motivations behind such photographic practices? When discovered, what do these images tell us about the larger role of photography in closed institutions? While the historian’s work is precisely to unearth these images, we may ask what other sources and methods can be used to access visual practices that remain concealed in archival silence.
We also invite contributions examining how photographs taken by people living and working in institutions are displayed and circulated. Are prints made visible through exhibitions, projections, albums,…? Do informal or clandestine networks allow images to circulate among the residents? Is the presence of photographic practices tolerated by the institution?
By shedding light on amateur photography that partly escapes disciplinary institutions, this issue seeks to examine the extent to which such practices disturb or, on the contrary, confirm the self-representations produced by these institutions. Finally, it is about the link that photography may re-establish between institutions and the broader political and social ecosystem in which they exist.
A note on methodology
Particular attention will be given to contributions addressing the complex meanings of the photographs chosen as case-studies and the potential issues of violence and domination associated with some of them. We also invite authors to reflect on their publication choices (format, captioning,…).
Submission and schedule
The call for papers is open until Monday 9, 2026.
Proposals and articles may be written in French or English.
Proposals should include the author’s name and affiliation, a 3000-4000 characters abstract with a references, and a short CV (bio-bibliography).
Proposals must be sent to the following address:
Contributors will be notified in early March 2026.
Articles of 30-35,000 characters (including spaces and notes) must be submitted by June 1, 2026.
Publication of Photographica (n°14): spring 2027.
Language of publication: French.
References
Books and articles
Exhibition catalogues and conferences:
13 Adèle Yon, Mon vrai nom est Elisabeth, Paris, Editions du Sous-sol, 2025, p. 302.
14 Allan Sekula, "The Body and the Archive", October 39, 1986, p. 3-64.
15 John Tagg, The Burden of Representation, Minneapolis, University of Minnesota Press, 1993.
16 According to Goffman, a total institution is “a place of residence and work where a large number of like-situated individuals, cut off from the wider society for an appreciable period of time, together lead an enclosed, formally administered round of life.” (E. Goffman, Asylums, New York, Doubleday/Anchor, 1961, p.xiii).
17 Michel Foucault, Surveiller et punir, Paris, Gallimard, 1975.
18 Rostaing Corinne, "Institution totale : ambiguïtés et potentialités d'un concept bien vivant", Ethnographiques.org : revue en ligne de sciences humaines et sociales [En ligne], n°46, 2023, URL : https://www.ethnographiques.org/2023/Rostaing
19 An example is the « efficiency » of the amalgamation process as staged in the « before/after » pictures produced in the Southwest of the US in boarding schools attended by indigenous children. See Eric Margolis and Jeremy Rowe, "Images of assimilation: Photographs of Indian schools in Arizona", History of Education 33-2, 2004, p. 199-230.
20 Renneville, Marc, « Démons et déments. Quand Détective enquête sur la folie », Criminocorpus [Online], 2018, URL : http://journals.openedition.org/criminocorpus/5017
21 Adèle Yon, Mon vrai nom est Elisabeth, Paris, Editions du Sous-sol, 2025, p. 302.
22 Pierre Bourdieu, Un art moyen, Paris, Les éditions de Minuit, 1965.
23 Irina Tcherneva, “For an Exploration of Visual Resources of the History of Imprisonment”, The Journal of Power Institutions in Post-Soviet Societies 19, 2018, URL: http://journals.openedition.org/pipss/5003