SFP_INTERNAUTE_30juin2013
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Il y a plus de dix ans, étaient retrouvées dans une benne à ordure non loin de Villiers le Bâcle, des boites à biscuits en métal contenant des plaques de verres photographiques du début du XXe siècle. Sur les couvercles ou au dos de la plupart des boites figuraient des informations manuscrites commentant les images. Des dates (entre 1897 et 1905) et des noms de lieux revenaient souvent. Visiblement le photographe opérait non loin de Villiers le Bâcle, une petite commune de l'Essonne et fréquentait  Saint-Gobain. Il parcourut aussi plusieurs pays et devait donc avoir des moyens importants et / ou des raisons motivées de voyager. A côté de ces noms géographiques, figuraient également des noms de personne. Et parmi ces noms, celui de Marie-Louise était certainement le plus répété. Un petit garçon, du nom de Paul, est aussi souvent décrit. Sur l'un des papiers entourant les plaques à l'unité, on a pu lire "Marie-Louise Biver". Nous en avons déduit, avec Stéphane Asseline, le généreux donateur qui a reconditionné le fonds dans des boites et des pochettes appropriées, que cette petite fille si souvent représentée dans les images était très probablement la fille ou la petite fille d'un Monsieur Biver, châtelain de son état. Car Marie Louise est souvent représentée avec un château à l'arrière plan. 

Un article du Parisien plus tard (c'est à dire moins de 24h après que les images aient rejoint les collections de la Société française de photographie), des généalogistes amateurs, aidé par le journaliste du Parisien,  confirment l'identité de Monsieur Biver, châtelain à Villiers le Bâcle, maire de la commune, et père de Marie-Hélène Biver. 

Pourtant, pas de trace de Marie-Hélène dans les photographies. Cette troisième enfant de la famille Biver n'était pas encore née en 1905 quand le comte de Biver semble arrêter de photographier. Petite soeur de Marie-Louise, elle fût la dernière à habiter le château avant que celui-ci ne soit revendu, à la fin du 20e siècle à l'humoriste Yves le Coq. Depuis les recherches se poursuivent, spontanément et la vie et les voyages photographiques du Comte Eugène de Biver commencent à être mieux connues. Paul et MArie-Louise Biver, si souvent représentés dans ces images sont devenus historiens d'art et ont écrit, ensemble et chacun de leur côté plusieurs ouvrages. 

Nous sommes très heureux, à la Société française de photographie, d'avoir pu participer à ce sauvetage photographique d'un fonds de famille dont l'intérêt, comme celui de la plupart des fonds de famille, dépasse celui de l'histoire de cette famille en particulier. Même si l'histoire de la famille Biver est des plus intéressante. C'est en effet autour du château de Villiers-le- Bâcle que s'est construit progressivement le village dont les maisons étaient des bâtisses du domaine. Ainsi ce fonds renseigne t-il sur l'histoire de ce village de l'Essonne mais aussi sur ce territoire autour de 1900. on y voit les moissons, la récolte des pommes de terre ainsi que des défilés ou des fêtes de village. C'est aussi la vie d'une famille autour de 1900 que l'on perçoit, à travers les scènes de chasse, de pique nique, les vues d'intérieur. De plus, le fonds Biver est un exemple exceptionnel d'usage précoce des procédés instantanés par un privé. Le comte Biver s'essaye à toutes les possibilités du médium, tentant de capturer des objets en vol, en course, en chute. Il réalise des séries d'images enregistrées à des intervalles de temps très court. Visiblement, il s'amuse beaucoup avec la photographie.

Enfin,ce fonds de 1200 images nous dit aussi les sentiments d'un père devenu photographe. Vers 1893, il était encore bien lus courant d'aller se faire prendre en photo chez le photographe plutôt que de s'adonner personnellement à cette pratique nouvelle. Le châtelain photographie régulièrement et avec attention ses enfants, Marie-Louise notamment. Il la représente, de près, de loin, en différentes tenues, en séquences, souvent ludiques. Et à travers ce jeu photographique auquel participe pleinement l'enfant, on se rend bien compte que le comte avait du plaisir à ces moments partagés an famille, avec la photographie. 

Encore un grand merci à Stéphane Asseline, le donateur qui a choisi d'offrir ce fonds à la Société française de photographie après l'avoir délicatement conditionné.