Cliquer sur l'image pour voir l'article du parisien  http://www.leparisien.fr/saclay-91400/on-a-retrouve-la-trace-du-photographe-inconnu-19-04-2013-2739563.php

Les 1 120 clichés centenaires sauvés par hasard d’une poubelle étaient l’œuvre du comte Eugène Biver, châtelain à Villiers-le-Bâcle.

Il est châtelain. Il passera à la postérité comme photographe. Le nom de l’auteur des 1120 clichés pris entre 1895 et 1905 et retrouvés par hasard dans une poubelle du plateau de Saclay est connu depuis hier grâce au travail de généalogistes amateurs. Il s’agit du comte Eugène Biver, propriétaire du château de Villiers-le-Bâcle à la fin du XIXe siècle.

« A mesure que nous archivons ses photos, nous en découvrons de plus en plus géniales », s’enthousiasmait hier Luce Lebart, responsable des collections à la Société française de photographie, à laquelle ce trésor oublié a été offert lundi par un donateur essonnien.

Le comte Eugène Biver est né le 15 février 1861 à Saint-Gobain (Aisne). Issu de la haute société, il est âgé de 7 ans quand son portrait photo est réalisé par un professionnel. « C’était une pratique très en vogue à l’époque dans la bourgeoisie », témoigne Luce Lebart. Esprit brillant, le comte sort major de l’Ecole centrale. Ingénieur d’élite, il travaille dans les mines de fer, la fonderie, les transports maritimes à vapeur ou la construction de locomotives, ce qui l’amènera à voyager de part l’Europe et le Maghreb, en rapportant à chaque fois de nombreuses photos.

Eugène Biver s’installe au milieu de sa vie au château de Villiers, vaste bâtisse terminée sous le règne de Louis XIV en 1684 par le seigneur de Saclay. « A peu près tout le village appartenait aux Biver », témoigne Gilbert Lannois, né dans la commune en 1934. Le comte était même maire de Villiers-le-Bâcle, à une époque où le département s’appelait encore Seine-et-Oise. « Il faisait beaucoup de bien », assure sa notice nécrologique dans la « Revue de la métallurgie » parue à sa mort, en 1929.

Yves Lecoq a racheté son château en 1995

Car le comte n’était pas qu’un bourreau de travail mais, toujours selon sa biographie, un homme « d’une affabilité profonde et d’une bonté extrême ». Son sujet de photo préféré est sa première fille, Marie-Louise (photo du haut à gauche), née en 1896, dix ans après son grand frère Paul. « Les gens sourient sur ses photos de bohémiens (photo du haut à droite). Cela prouve qu’il avait su créer un climat de confiance. Pourtant, c’était loin d’être son monde », ajoute Luce Lebart. Marie-Louise et Paul devinrent historiens. La petite dernière du comte, Marie-Hélène, célibataire endurcie, restera au château jusqu’à sa mort en 1985. La bâtisse tombe alors à l’abandon.

En 1995, la demeure est achetée par… l’imitateur Yves Lecoq. « Que ces photos aient été retrouvées dans des poubelles ne m’étonne pas. A mon arrivée, tout avait été malheureusement vidé et placé dans des bennes. Les plans du jardin étaient même éparpillés par terre », se rappelle l’humoriste, qui a restauré le château et le fait visiter l’été.

La Société française de photographie rêve maintenant d’exposer ces clichés. « Il faut absolument les mettre en valeur. C’est extraordinaire de pouvoir en quelque sorte créer un photographe », affirme Luce Lebart.

 

Le Parisien